jeudi 23 janvier 2014

Métro De l'Église

Escaliers mécaniques. 

Regarder un homme d'âge mûr, un pied sur le mur, chanter en s'accompagnant de sa guitare et de son harmonica, monté sur un support.

Constater qu'il y met tout ce qu'il a. Constater qu'il n'a manifestement jamais réussi, qu'il n'a jamais été découvert, qu'il n'a jamais percé.

Constater que c'est un dur métier, que peu réussissent, ont du succès.

Puis, constater que tout cela importe peu. En fait.

Le succès, ce n'est pas d'être connu. Le succès, ce n'est pas d'être riche, d'être une vedette.

Le succès c'est d'être capable de chanter là, dans le métro, comme on le ferait sur scène ou dans un studio.

Le succès, c'est d'être parvenu à jouer convenablement, d'avoir continué à chanter malgré l'absence de revenus (visiblement), de vedettariat.

Le succès, c'est d'avoir gardé une place dans sa vie pour ça. Et de s'y commettre avec tant de sincérité.

Palier. Autre escalier.

L'échec n'est pas de ne pas avoir réussi. L'échec, c'est de ne pas avoir essayé.

Je regarde les escaliers mécaniques. J'ai le vertige. Pas à cause du mouvement ni des lignes parallèles qui font effet d'optique. Non. À cause de cette immense sensation de vérité.

Montréal, 23 janvier 2014

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